Ancien élève de l'ENS et de l'ENA, Michel Fraisse a rejoint le monde de la banque en 1980, après un passage au ministère de l'Industrie. Au sein de la Lyonnaise de Banque (groupe CIC), dont il sera directeur général délégué, il fonde, dans les années 80, la Banque de Vizille (devenue CM-CIC Investissement), “la première banque de capital-investissement dédiée aux PME”, se souvient celui qui en fut le premier président, avant de partir fonder sa propre structure, à Lyon, MFGI,“une holding privée d'investissement à l'actionnariat familial (familles Fraisse et Chotteau, ndlr)”.
Vingt-cinq ans après le début de son aventure entrepreneuriale, Michel Fraisse peut se targuer d'avoir accompagné pas moins de cinquante PMI françaises : “Notre vocation est d'être un actionnaire de référence, mais également un actionnaire actif, dans des opérations de prise de contrôle et de développement des PME en France”, explique l'ancien banquier qui souhaite accompagner ces PMI vers le stade de “petites ETI performantes”. Et pour cela, MFGI a un atout non négligeable : le temps. “Nous sommes un investisseur de long terme, travaillant sur fonds propres. Nous n'avons pas d'horizon de liquidité et pouvons rester dix à quinze ans au capital des sociétés dans lesquelles nous entrons à hauteur de 35 à 40 %”, décrypte Michel Fraisse qui tient également à toujours faire entrer les managers de l'entreprise au capital, ainsi que d'autres investisseurs “amis”.
Si elle était jusqu'à présent “plutôt généraliste”, MFGI change d'orientation. Elle a cédé, en fin d'année dernière, sa branche menuiserie industrielle qui représentait quelque 140 millions d'euros de chiffre d'affaires pour se recentrer sur deux pôles : l'un spécialisé dans la fourniture d'équipements pour le bâtiment et l'autre dans le travail des métaux.
Ce dernier, Mécapôle, regroupe une vingtaine d'entreprises présentes dans les métiers de la mécanique (forge, usinage, traitement de surface, tôlerie, plasturgie) et pesant plus de 120 millions d'euros de chiffre d'affaires avec environ 850 collaborateurs. Parmi celles-ci, quelques régionales dont Betri (Meyzieu/Rhône), Collet-Amblard (Veurey-Voiroize/Isère), Vapérail (Montréal-la-Cluse/Ain)… Si chaque entité est autonome - “il doit y avoir un patron dans chacune des entreprises” -, la force du réseau commence à se faire sentir. Ainsi, huit entreprises de Mécapôle ont participé, ensemble, au dernier Salon du Bourget. “Il y a également des projets de R&D partagés”, explique Michel Fraisse qui tient à être “un actionnaire présent à des moments clés, comme la croissance externe* ou lors d'imprévus”, précise le dirigeant qui a constitué, au sein de MFGI, une équipe avec des compétences financières, mais également industrielles.
“A un moment où la croissance dans l'économie traditionnelle est proche de zéro, il faut trouver de nouveaux relais, comme la croissance externe, mais également la recherche d'un meilleur niveau de performance industrielle pour permettre aux entreprises de gagner en crédibilité”, croient Michel Fraisse et Bernard Chotteau qui ont su transmettre la passion de l'industrie à leurs fils respectifs, Timothée et Alexandre. Ceux-ci ont rejoint l'entreprise pour prendre la suite : “La transmission est en route”, se réjouit Michel Fraisse qui fut, à sa manière, un capitaine d'industrie.
Corinne Delisle
@corinnedelisle
*MFGI a repris, en début d'année, les Etablissements Cousso (lire E-lettre du 17 février 2016).
Bref Rhône-Alpes Auvergne n° 2237 du 09/03/2016
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