Renfe et SNCF au moment où ils étaient partenaires.
JFB
La compagnie ferroviaire espagnole Renfe n’a toujours pas annoncé de date pour la desserte du Paris-Lyon par ses trains à grande vitesse Ave. Le gouvernement espagnol met en cause les autorités françaises pour la lenteur des procédures et s’adresse à la Commission Européenne.
La compagnie espagnole Renfe exploite déjà les liaisons à grande vitesse en France depuis 2023, entre Lyon et Barcelone ainsi qu'entre entre Marseille et Madrid. Après avoir annoncé la vente de 100.000 billets, elle avait déclaré son intention de poursuivre, avec Paris-Lyon dans un premier temps, dans l’optique des Jeux Olympiques Paris 2024. Aujourd’hui, après avoir acheté une trentaine de rames Ave au constructeur Talgo, c’est plutôt le mois de décembre qui est évoqué. Le gouvernement espagnol commence à s’impatienter. Dans un entretien avec la presse espagnole, Oscar Puente, ministre des Transports, assure que « la France met tout en œuvre pour retarder le processus de libéralisation sur son marché ». La France a rétorqué que cette lenteur était justifiée par des problèmes d'homologation de matériel roulant et de signalisation non conformes, alors que les essais de l’Ave sur le réseau français ont démarré depuis l’année dernière.
L’Espagne en quête de réciprocité
L’irritation espagnole est aussi aiguisée par le fait que la SNCF a investi lourdement sur la grande vitesse espagnole. Depuis 2021, ses Ouigo sillonnent de nombreuses provinces depuis Madrid : Barcelone, Valence, Alicante… et doivent bientôt relier l’Andalousie. Iryo (filiale de Trenitalia) est arrivée l’année suivante. L’ampleur de cette offre et leurs politiques agressives en matière tarifaire ont secoué le marché espagnol. La SNCF va en faire de même en Italie, à partir de 2026. Elle proposera à terme neuf allers-retours par jour entre Turin, Milan, Rome et Naples et quatre allers-retours entre Turin et Venise, avec dessertes des villes intermédiaires.
Plus de trafic pour plus de déficit ?
Les premiers enseignements de la libéralisation convergent : plus de trafic (de 20 à 50 % en Espagne) grâce à une baisse de prix (autour de 40 % en Espagne). C’est ce que l’on observe en France avec Trenitalia. Mais la compagnie italienne aurait enregistré un déficit de 30 millions d’euros pour réussir sa percée dans la grande vitesse française, pénalisée de plus par l’arrêt de l’exploitation dans la vallée de la Maurienne. Cette situation a conduit la Renfe à porter plainte devant la Commission Européenne, en juin dernier, contre Ouigo, accusée de concurrence déloyale sur le marché ferroviaire en Espagne.