Yves Nicolin, maire de Roanne et président de Roannais Agglomération.
Roannais Agglomération
Le maire de Roanne et président de Roannais Agglomération entend tirer parti d’un double phénomène pour son territoire : la propension des ménages à quitter les grandes agglomérations pour une meilleure qualité de vie et l'attrait des promoteurs immobiliers qui ont du mal à construire à Lyon depuis quelques années. Roanne veut incarner la mutation des villes moyennes.
Quel est le fil conducteur de votre politique économique depuis votre réélection à la tête de la Ville et votre arrivée à la présidence de Roannais Agglomération en 2014 ?
Yves Nicolin : Mon premier mandat, de 2001 à 2008, a consisté à réorienter l’emploi vers les services alors que notre économie souffrait encore des crises des industries du textile et de l’armement, fleurons de l’économie roannaise pendant des décennies. Lorsque j’ai été réélu en 2014, j’ai poursuivi cet engagement et redynamisé l’activité économique, notamment en réinvestissant dans des zones d’activités vides. Nous avons d’ailleurs construit parfois en blanc pour attirer des entreprises. Cette politique a porté ses fruits à partir de 2018‑2019. En ce début 2022, quelque 3.000 emplois ne sont pas pourvus dans des entreprises roannaises, tous niveaux et tous secteurs d’activité confondus.
Roannais Agglomération a lancé une campagne de communication en juin 2021 pour attirer des familles à Roanne. Cette campagne a-t-elle eu des effets ?
Yves Nicolin : Nous mesurons les arrivées sur notre territoire au regard des chiffres DIA (Déclaration d’intention d’aliéner, acte juridique lié à l’achat d’un bien immobilier, N.D.L.R.) adressés à notre mairie. Même s’il est difficile de comptabiliser les nouveaux habitants, le marché de l’immobilier est cependant un bon indicateur. Les prix des appartements au mètre carré avant et après les périodes de confinement sont passés de 900 à 1.300 euros/m². La demande existe. Les délais de vente se sont raccourcis pour les maisons individuelles, fortement prisées des citadins. Il n’est pas rare qu’une villa trouve aujourd’hui preneur en huit jours. Ce qui n’était pas forcément le cas en 2019.
Ces chiffres confortent l’idée d’un nouvel intérêt pour notre territoire même si, aujourd’hui, avec le décalage du recensement, le phénomène se traduit peu dans les statistiques de la population. Roanne a connu une perte importante d’habitants dans les années 1970‑1980. Selon l’Insee, et ce depuis 2008, la ville de Roanne compte quelque 34.000 habitants, sur les 105.000 de l’agglomération roannaise.
Comment se comportent les investisseurs immobiliers face à votre territoire ?
Yves Nicolin : Depuis 2018, de plus en plus de promoteurs frappent à notre porte. Le phénomène s’est fortement accentué depuis les élections de 2020 et l’arrivée, notamment à Lyon, d’exécutifs écologistes. Les élus de la Métropole et de la Ville de Lyon affichent leur hostilité aux investisseurs et aux promoteurs. Les Lyonnais se tournent vers nous. Citons l’exemple de la Foncière Vauban, qui vient d’acquérir l’ancien site de la Banque de France, à Roanne, pour construire un programme mixte commerces et logements. Cela nous met en position de force pour, notamment, imposer des exigences architecturales. Notre ville moyenne ne veut plus de constructions au rabais.
En quoi votre politique du logement consiste-t-elle ?
Yves Nicolin : Roanne ne connaît pas de tension comme à Lyon. Les prix dans le parc social et dans le parc privé sont quasiment identiques. Avec 34 % de logements sociaux, nous respectons la loi. Aujourd’hui, nous souhaitons faciliter la construction de logements privés, en accession à la propriété, avec des terrasses et de l’espace pour attirer des ménages au pouvoir d’achat plus élevé. Nous n’arrêtons pas pour autant la construction de logements sociaux, à l’image de notre projet d’aménagement Foch-Sully, au centre-ville de Roanne. Il comprendra l’édification de 120 logements, dont une vingtaine de logements sociaux.
BIO EXPRESS
1963 : Naissance au Coteau
1989 : Conseiller municipal à Riorges
1992 : Conseiller général de la Loire
2001‑2008 : Maire de Roanne
2008 : Avocat d’affaires inscrit au Barreau de Paris
2014 et 2020 : Réélu maire de Roanne et président de Roannais Agglomération
Cet article a été publié dans le numéro 2483 de Bref Eco.