Dans le Puy-de-Dôme et l’Allier, 400 planteurs produisent chaque année 400.000 tonnes de betterave sucrière sur 5.000 hectares.
Syndicats de salariés et d’agriculteurs, collectivités, élus… se mobilisent pour éviter la disparition de la seule sucrerie installée au sud de la Loire.
Il y a quelques jours, Cristal Union annonçait « mettre à l’étude le projet de fermeture » de deux de ses sites de production, dont la sucrerie Bourdon (Clermont-Ferrand ; une centaine de salariés) qui a rejoint en 2012 ce groupe coopératif sucrier, numéro 2 français du secteur.
Fin des quotas
Comme l’explique celui-ci, depuis la fin des quotas en 2017, l’industrie européenne du sucre est directement exposée à la concurrence mondiale avec, en outre, des cours mondiaux qui « demeurent à des niveaux très faibles depuis de nombreux mois » en raison de « stocks pléthoriques ». Malgré les décisions déjà prises par Cristal Union (notamment la fin des prix garantis aux producteurs et la réduction des investissements), son dernier exercice affiche des résultats négatifs. D’où « une nouvelle série de mesures essentielles à la pérennisation de son activité globale ».
400 planteurs et 350 salariés
Cette annonce a eu l’effet d’un coup de tonnerre dans le ciel des Limagnes du Puy-de-Dôme et de l’Allier où 400 planteurs produisent chaque année 400.000 tonnes de betterave sucrière sur 5.000 ha. Et où, si on inclut les emplois indirects, l’avenir de la sucrerie Bourdon concerne quelque 350 salariés.
Pour beaucoup, il est inenvisageable que disparaisse la plus ancienne des sucreries françaises qui est aussi la seule située au sud de la Loire. « Ce serait une aberration d’envoyer nos betteraves à Orléans ou dans l’Aube », s’insurge Régis Chaucheprat, président de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) Limagnes, qui ajoute que 50 % de la production de Bourdon approvisionne la région Auvergne-Rhône-Alpes, l’autre moitié étant exportée en Europe du Sud.
Il n’y a pas de culture de substitution intéressante
Même si leurs rendements sont actuellement en baisse, en raison du changement climatique et de la cecosporiose, maladie due à un champignon, les producteurs n’envisagent pas d’abandonner la betterave. « Il n’y a pas de culture de substitution intéressante », note Régis Chaucheprat qui ajoute que cette production est intégrée dans l’écosystème particulier des Limagnes où beaucoup d’agriculteurs cultivent des semences pour la coopérative Limagrain : « Une parcelle de betterave permet d’isoler deux parcelles de semences l’une de l’autre. » En outre, un sous-produit de la fabrication du sucre, la pulpe, nourrit des troupeaux de bovins des montagnes voisines.
Nombreux soutiens
« Nous allons tout mettre en œuvre pour étudier tout projet permettant de pérenniser la production de betterave et de sucre dans la région Auvergne-Rhône Alpes », annonce le président de la CGB Limagnes qui appelle à la mobilisation générale pour « passer ce cap difficile. »
Avant même l’annonce de Cristal Union, le Conseil départemental du Puy-de-Dôme avait voté une subvention de 360.000 euros sur trois ans pour aider à l’achat de semences tolérantes à la cercosporiose. De son côté, la Région s’engage à soutenir cette filière « selon des modalités qui restent à définir » : aide d’urgence, soutien à l’investissement, aide sur la recherche sont envisagés.