En 2008, Bref Rhône-Alpes écrivait déjà, à propos de MCE-5 : “Année de vérité pour une start-up en mécanique”. Le bureau d’études lyonnais annonçait alors la signature imminente, avec de grands constructeurs automobiles, des premières cessions de licence de son moteur à compression variable, censé diminuer jusqu’à 30 % la consommation d’essence d’une voiture. Deux ans plus tard, nous assistions aux premiers essais publics de ce VCRi équipant une Peugeot 407.
Puissance, discrétion, sobriété étaient incontestables… mais le prototype n’avait toujours pas d’acheteur. C’est donc avec un certain scepticisme que nous avons pris connaissance du dernier communiqué de la société qui parle d’une “année 2012 se terminant en beauté” et présente 2013 comme une “année charnière”. Qu’en sera-t-il cette fois ? Son fameux moteur sortira-t-il enfin de son statut de prototype de luxe pour être produit en grande série ?
Jean-François Roche, président de MCE-5, tente de répondre. “Les constructeurs automobiles ne sont pas prêts à "payer pour voir". Très pragmatiques, ils ne veulent laisser aucune place au doute. Car, pour eux, l’investissement dans une nouvelle chaîne de production de moteurs, tel que le demandera notre VCRi, doit s’amortir sur une voire plusieurs décennies. Ils veulent donc des réponses concrètes à toutes les questions (endurance, durabilité, coût, etc.), ce qui demande de nombreux aller-retour techniques et industriels entre eux, les équipementiers de rang 1 et nous. Vous savez, contrairement à beaucoup d’observateurs, les constructeurs avec lesquels nous sommes en contact sont étonnés de la vitesse avec laquelle notre projet avance”.
Persévérance et long terme, donc. Et le discours continue de séduire. En douze ans, la société a réussi plusieurs levées de fonds pour un total de 100 millions d’euros (11 millions d’euros l’an dernier) dont 30 % sont issus d’aides publiques. Le nombre d’actionnaires privés atteint aujourd’hui les 560 ! Les six plus importants d’entre eux, qui détiennent la majorité du capital, sont basés en France, en Suisse, au Luxembourg ou encore au Moyen-Orient. Beaucoup sont disséminés sur le globe : Etats-Unis, Turquie, Japon, Chine, etc.
Que nous réservent les prochains mois ? Jean-François Roche s’avance à nouveau. “La probabilité de signer avec une major international est très élevée. Nous sommes en discussions avancées avec cinq d’entre elles. Après, il faudra compter avec le temps du constructeur : pour un moteur VCRi monté sur une voiture de série, il faut compter 2017”.
Signe du décollage annoncé ? Le premier chiffre d’affaires, certes très modeste (100 000 €), a été enregistré en 2012 ! On est encore loin des centaines de millions d’euros attendus à terme des ventes de licences et des royalties. Mais voilà enfin du concret.
Cette année, MCE-5 recrutera encore une dizaine de personnes pour atteindre une soixantaine de salariés. Et poursuivra ses développements, en s’appuyant sur les compétences d’industriels et de laboratoires français. “Nous disposons, dans l’Hexagone, de compétences et de savoir-faire très élevés en mécanique. Il faut le dire bien fort ! Nous travaillons avec des industriels français qui fournissent les marques automobiles allemandes les plus prestigieuses ! Ne l’oublions pas !” Made in France revendiqué : l’effet marinière ?
Didier Durand
Photo : ©Philippe Stroppa. Jean-François Roche, président de MCE-5.
Bref Rhône-Alpes n° 2107 du 13/02/2013
Pour en savoir plus sur Bref Rhône-Alpes et ses autres supports.