Jean-Baptiste Pietri est l’architecte de la tour H99, première tour d’habitation de luxe construite depuis plus de trente ans en France, qui devrait être construite à Marseille, dans le cadre du projet des "Quais d'Arenc" développé par le groupe Constructa. Il revient sur les spécificités de cet immeuble de grande hauteur, ainsi que sur sa commercialisation.
Quelle a été la procédure suivie par Constructa concernant le choix des architectures, et pourquoi vous a-t-on choisi vous, Jean-Baptiste Pietri ?
Le projet Quais d’Arenc est une opération totalement atypique pour Marseille et le marché français. C’est même une opération presque démesurée compte tenu de la situation conjoncturelle actuelle… Le processus entrepris par Constructa est, de ce fait, très long et difficile. J’ai ainsi commencé à y travailler en 2006, et je ne livrerai probablement qu’en 2015… Pour mener à bien un tel projet, il faut non seulement pouvoir s’entendre, mais également être généreux avec son maître d’ouvrage, notamment dans la recherche. Je n’ai ainsi jamais cessé de travailler sur H99, alors que je n’avais pas forcément de mission rémunérée par Constructa. En cela, je suis un allié naturel du projet.
Ensuite, au niveau du processus, l’urbaniste Yves Lion a proposé une liste de noms à Constructa où figurer Jean Nouvel, qui est peut-être le plus grand architecte du monde, Roland Carta, le plus grand architecte de la région, et mon père a souhaité que je fasse partie de l’aventure. J’ai ainsi participé à la construction du projet depuis le départ, dans toutes les phases, et il se peut que, si je n’avais pas été le fils de Marc Pietri, on n’aurait pas traversé la crise… Alors qu’aujourd’hui, le projet est bel et bien lancé, et je pense avoir été à la hauteur. En tout cas, le projet H99 a été très bien reçu, et n’a jamais été contesté. Et ce, alors qu’il s’agit d’un projet à forte ambition parce qu’il propose un nouveau concept à des gens, en vue de les séduire. De ce point de vue, le projet a globalement bien marché, et on a réussi à tenir notre place au sein de ce quatuor.
Nous sommes ainsi actuellement dans les études techniques, et en passe de finaliser le projet, dont la commercialisation fonctionne plutôt bien. Les travaux devraient ainsi être lancés entre octobre 2012 et mars 2013.
Quelles sont les spécificités architecturales de la tour H99 ?
H99 est un bâtiment très particulier et extrêmement ambitieux. Ne serait-ce que parce qu’il s’agit d’un IGH, un immeuble de grande hauteur, supérieur à 50 m. Les conditions de sécurité sont donc particulières, avec des normes typiquement françaises… La deuxième caractéristique est que nous n’avons pas fait de tel bâtiment depuis très longtemps. On a donc un peu tout revisité, pas tout réinventé, mais adapté aux goûts du jour des acquéreurs, aux nouvelles normes environnementales… D’un point de vue architectural, il s’agit d’abord de créer un bâtiment un peu emblématique, car nous pensons qu’une tour doit avant tout être un élément, un signal dans la ville, un repère, un élément sémantique d’où il se dégage quelque chose. Et ainsi faire en sorte que les habitants aient l’impression d’habiter un projet atypique.
Le deuxième élément relève du travail typologique, avec la manière dont sont agencés et composés les plans, avec une volonté de mettre en avant un des premiers éléments de la verticalité : la vue. On a ainsi fait en sorte que tous les appartements disposent au maximum d’une vue. C’est ce qui a donné un plan en forme de croix. Autre élément particulier de H99 : tous les logements ont des espaces extérieurs, qui ne sont pas forcément visibles de l’extérieur. En effet, nous ne voulions pas donner une échelle, une graduation, comme dans les immeubles traditionnels où il y a une répétition et où l’on voit les étages successifs. On voulait justement travailler dans une ambiance d’objet pas forcément identifiable, plutôt que sur des caractéristiques typiques des immeubles traditionnels comme on les fait depuis l’après-guerre.
L’autre caractéristique de H99 réside dans la façon de vivre, avec tout ce qui concerne le système de piscine et les équipements d’agrément, qui sont situés entre les volumes des logements de H99. Il s’agit d’étages accessibles au public résidentiel uniquement, où on va trouver une piscine intérieure, une salle de sport, une piscine extérieure… Tout cela avec une vue panoramique et une mise en scène sur Marseille.
Enfin, concernant l’aspect développement durable, ce bâtiment dispose, par définition et naturellement, d’enveloppes très importantes. Les murs de la tour de H99 seront en effet des poteaux de béton de 1m30 sur 85cm. Et ce, pour donner une impression de force, en vue à la fois de rassurer et d’avoir une sensation d’inertie par rapport à la chaleur.
Quelles ont été vos sources d’inspiration pour imaginer cette tour ?
Plusieurs architectes et écoles m’ont inspiré, et que je continue plus ou moins de les consulter. Il y a, par exemple, des architectes qui ont une poésie qui m’impressionnent toujours autant, comme Oscar Niemeyer et Jean Nouvel. Il y a également Rudy Ricciotti, qui travaille beaucoup avec le béton et qui pousse très loin ses performances et sa beauté plastique. Je m’inspire beaucoup de lui, d’autant que le béton est un matériel local, qui correspond bien à notre environnement méditerranéen.
Via les services de haut standing notamment, quelle cible visez-vous ?
On n’a pas pensé à une clientèle en particulier, mais plutôt à une façon de vivre. Il est clair que venir habiter ici, cela demande une démarche de pionnier. H99 est le symbole d'un Marseille en plein renouveau, et s’adresse à une certaine partie de la population qui se projette, et qui croit à Euromed. Cette clientèle-là vient tout naturellement vers ce projet.
Quant aux prix, qui vont de 4500 à 12 000 euros le m², ce sont ceux de certains quartiers marseillais comme La Cannelle ou Thalassa, qui sont des références dans la cité. Et, en regardant les chiffres et le panel de gens ayant acheté, on constate qu’il s’agit clairement d’une population majoritairement jeune, ayant entre 40 et 50 ans, mais il y a tous les âges. Ce sont aussi bien des chefs d’entreprise, des gens extrêmement dynamiques, qui voyagent beaucoup ou qui ont beaucoup voyagé et veulent désormais revenir… H99 est donc un projet exceptionnel qui renforce le côté qualitatif et expérimental du bâtiment, et rencontre son public qui a l’habitude de sortir des sentiers battus.
La nomination H99 fait référence à la hauteur de la tour. Est-ce que cette appellation ne va pas atténuer ou amoindrir la hauteur de cette tour, qui est déjà le plus petit des trois IGH ?
Avec H99, on ne cherchait pas à être le plus haut possible. Au départ, lors des premières esquisses, on était à environ 60-70 m. En affinant et en travaillant les plans, nous sommes arrivés à cette hauteur. Mais nous ne sommes pas partis de cette hauteur plafond, et nous n’avons jamais cherché à être le plus haut possible.
Comment se déroule la commercialisation ?
Nous devrions être bons pour octobre-mars, avec une livraison prévue pour 2015. Ce qui est important, c’est qu’on ne dépasse pas la date de livraison. Mais je crois que le rythme de vente est bon. Les premiers appartements vendus ont bien entendu été les petites superficies. Plus d’une trentaine d’appartements ont trouvé preneur et, à partir du double, la construction sera lancée.
La tour H99 est un projet très ambitieux mais qui a un coût très élevé puisque son montant global sera deux fois supérieure à celui d’un immeuble d’habitation traditionnel…
C’est vrai, et cela pour deux raisons. La première est structurelle, avec le niveau de performance et les caractéristiques de ce bâtiment totalement atypique. La deuxième est que, justement, parce nous sommes plus chers en construction, il faut faire les plus beaux appartements possibles pour pouvoir les vendre. C’est la logique commerciale.
Un immeuble de grande hauteur coûte plus cher qu’un bâtiment traditionnel. De plus, nous avons mis des prestations à la hauteur de tout cela. Mais, en fin de compte, le prix du m², qui s’échelonne de 4500 euros à 12 000 euros le m², n’est pas du tout délirant par rapport aux prix que l’on voit actuellement à Marseille, où l’immobilier n’a pas encore atteint des sommets. Par conséquent, je pense vraiment que les gens qui ont acheté maintenant auront, à la sortie, réaliser une très bonne affaire. La preuve : la commercialisation se déroule à bon rythme, et j’ai fait l’acquisition d’un appartement dans la tour H99, un 2-pièces dans le bloc 1 !
Vous avez débuté le projet de la tour H99 en 2006. Si vous aviez la possibilité de le recommencer aujourd’hui, en 2012, quelles seraient les modifications apportées ?
Je fais souvent évoluer mes projets, et mes clients diraient à coup sûr que je changerai tout. Mais sur ce projet, rien ! Rien car, au cours de ces mois, de toutes ces années, il a déjà souvent évolué parce qu’on n’a jamais fini de travailler dessus… Il n’y aurait donc pas de grandes modifications.
Propos recueillis par Julien Pompey
Pour plus d’informations, connectez-vous sur :
www.h99.fr ou appelez au 0 810 005 099
Showroom aux Docks – Atrium 10.7
Retrouvez l’ensemble de notre dossier supplément Constructa (Lettre Sud Infos n° 784 du 07/05/2012)
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Photo : Jean-Baptiste Pietri, architecte de la tour d'habitation H99 (©F. Cornette de St Cyr).