D'ici à 2030, PSSM veut multiplier par six son nombre de secouristes.
Aude Lemaitre
La santé mentale des Français serait en forte dégradation depuis des années, nécessitant une meilleure prise en charge et moins de tabous. Premiers Secours en Santé Mentale (PSSM) œuvre en ce sens au quotidien et voit même plus loin.
Fondée au début des années 2000 en Australie, PSSM a vu le jour en France en 2018. Aujourd’hui, on dénombre 6 millions de secouristes dans le monde. Sur le territoire français, ce sont 120.038 secouristes et 1.448 formateurs qui ont pour mission de repérer au mieux les principaux troubles en santé mentale. Des chiffres conséquents, mais l’association veut aller encore plus loin. En effet, Muriel Vidalenc, présidente de PSSM France se donne pour objectif d'avoir formé « 750.000 secouristes en 2030 ». Au total, en Auvergne Rhône-Alpes, ce sont 20.135 secouristes qui ont reçu une formation par l’un des 254 formateurs présents dans la région.
« Le formateur n’est pas un soignant, c’est un citoyen qui a des valeurs de solidarité »
Afin de devenir secouriste, l’étape unique et obligatoire est une formation de deux jours moyennant un coût de 250 euros. Une formation par groupe de 16 personnes maximum, alimentée par des contenus variés, théoriques et pratiques, notamment sur les troubles dépressifs, anxieux, psychotiques et liés à l’utilisation de substances.
Laura Desplace, cheffe de projet à l’INFIPP et formatrice PSSM dévoile une des méthodes utilisées en formation : « Nous apprenons aux futurs secouristes la méthode AÉRER. Cette dernière consiste à Approcher, Écouter, Réconforter, Encourager et Renseigner s’ils sont amenés à être au contact de personnes souffrant de troubles mentaux. Le formateur n'est pas un soignant, c'est un citoyen qui a des valeurs de solidarité ».
Clara Robert, secouriste, témoigne : « La formation est riche en apprentissage. On part de zéro et on ressort après deux jours avec des connaissances indispensables qui devraient être communes à tous ».
Deux modules existants et un nouveau pour 2025
L’association PSSM propose actuellement deux modules. Depuis 2019, le module Standard vise à faire acquérir aux futurs secouristes des savoirs de base concernant les troubles de santé mentale, mais aussi apprendre à mieux appréhender les différents types de crises ou encore développer des compétences relationnelles. Créé en 2022, le module Jeunes, a quant à lui vocation à cibler les adultes vivant ou travaillant avec des adolescents et jeunes majeurs. Il se concentre notamment sur la crise suicidaire, les automutilations, les psychoses, les troubles du comportement alimentaire, etc.
Courant 2025, un programme pour les mineurs verra le jour. Il s’agit du module Ados. La formation se déroulera sous un format adapté à l’âge des secouristes et s’appuiera sur un matériel pédagogique spécifique. Le déploiement de ce nouveau module est prévu dans le cadre des établissements scolaires, mais aussi des associations culturelles, des clubs sportifs, des MJC, etc.
PSSM envisage potentiellement un module Senior pour 2027, mais pour le moment l’objectif est de « consolider l’existant, préparer le module adolescent et veiller à renforcer la qualité des premiers secours en santé mentale pour les citoyens », annonce Muriel Vidalenc. Elle poursuit : « Nous sommes un acteur de prévention, on apporte un repérage précoce, mais on ne remplace pas un professionnel de santé ».