Des appareils de sport adaptés, ici un rameur, intègrent les algorithmes de neuro-rééducation Circles.
kurage
Kurage, start-up lyonnaise créée en mars 2020 et soutenue par Pulsalys, veut permettre aux personnes à mobilité réduite, tétra ou paraplégiques ou souffrant de troubles neuromusculaires de pouvoir pratiquer à nouveau une activité sportive.
En japonais, Kurage signifie méduse… un clin d'œil aux ondes électriques utilisées dans le dispositif mis au point par la jeune pousse pour remobiliser les membres paralysés ou affaiblis des utilisateurs. En français, Kurage sonne aussi comme courage : celui qu'il faut assurément aux personnes touchées notamment par un handicap moteur pour continuer à avancer.
A l'origine de Kurage, se trouve Circles, un projet né en 2015 sous l'impulsion de Vance Bergeron, chercheur au CNRS, à l'origine de nombreux brevets. Il a notamment reçu la Médaille de l’innovation du CNRS en 2019. En 2013, alors qu’il se rend à son laboratoire de Lyon à vélo, ce féru de sports est percuté par une voiture. Devenu tétraplégique, Vance Bergeron va orienter ses recherches au sein du Laboratoire de physique de l’Ecole nationale supérieure de Lyon (Université Claude-Bernard-Lyon-1, ENS de Lyon et CNRS) vers la stimulation électrique fonctionnelle.
Kurage pour aller plus vite et plus loin
Avec Amine Metani, alors en doctorat et aujourd'hui directeur de la technologie au sein de Kurage, et accompagné par la Satt Pulsalys qui soutient les deux chercheurs depuis le début de cette aventure, Vance Bergeron va développer de premiers prototypes de vélos à électrostimulation destinés aux personnes handicapées moteur. « C'est pour aller plus loin et plus vite, et transformer ces prototypes expérimentaux en prototypes industriels que Kurage a été fondée en mars 2020 », explique Rudi Gombauld, directeur général de la nouvelle société.
Actuellement utilisée à titre expérimental dans deux salles de sport associatives, celle de l’association ANTS créée par Vance Bergeron dans l’enceinte de l’ENS de Lyon et celle de la Faculté des sciences et des sports de Dijon, la technologie Circles a d'ores et déjà fait ses preuves : « En seulement trois séances de 30 minutes par semaine sur 36 semaines, nos six testeurs ont vu leur masse musculaire progresser de 136 %, leur capacité d’endurance respiratoire de 111 % et leur densité osseuse de 20 % », poursuit Rudi Gombauld. En résulte aussi une nette amélioration de la qualité de vie des bénéficiaires car si la pratique sportive est préconisée pour chacun d'entre nous, elle permet de réduire les nombreuses complications liées à la paralysie : atrophie musculaire, escarres, maladies cardiovasculaires, etc.
Encapsuler la capacité du cerveau à mouvoir un individu
Techniquement, Vance Bergeron et Amine Metani ont réussi à « encapsuler la capacité du cerveau à mouvoir un individu ». Les algorithmes de l’application utilisent trois particularités du cerveau : une signature biologique propre à chaque individu, la sélectivité et l’intensité musculaire ainsi que la gestion de la fatigue musculaire. L'application est intégrée dans un stimulateur électrique qui envoie les informations via des ondes électriques dans les muscles. Intégré à des équipements adaptés comme un vélo ou un rameur, et à des vêtements « intelligents » tels qu'un short muni de capteurs, le dispositif permet de remobiliser des membres paralysés ou affaiblis, sachant que l’utilisateur peut piloter lui-même l’activité ou recourir à un fonctionnement automatique qui va déclencher le mouvement.
Lancement commercial prévu en 2021
Avec Kurage, qui compte cinq personnes dont les deux chercheurs, l'objectif est de faire bénéficier le plus grand nombre d’un produit simple d’utilisation pour un usage quotidien et récréatif. Après une nouvelle phase de tests, l'équipe envisage « un lancement commercial dès 2021 en Auvergne-Rhône-Alpes et en Ile-de-France, avant une extension à l’ensemble de l’Hexagone en 2022 et au nord de l’Europe en 2023 », ajoute le dirigeant qui table sur un chiffre d’affaires de 5 millions d'euros pour une quinzaine de personnes à fin 2023.