Bertrand Barré (Groupe Zebra), Maria Lucia Martinez et Gilles Réguillon (Chamatex Group) présentent une toute première maquette de leur sneaker.
Imaginer la nouvelle chaussure française et son usine locale de production a donné des idées à deux de ses initiateurs. Chamatex Group (Ardoix / Ardèche) et Groupe Zebra (Rhône / La Tour de Salvagny) lancent maintenant TexInn Lab, un accélérateur d'innovations qui, déjà, a des projets dans ses cartons.
D’un côté, Chamatex Group : un industriel audacieux qui, en quelques années, a transformé un groupe textile sur le déclin en une véritable usine à projets reposant sur une nouvelle génération de tissus, des technologies numériques et des robots. De l’autre, Groupe Zebra : un bureau de conseil en innovation et design qui, en 35 ans d’existence, a participé à la création de centaines de nouveaux produits pour le compte de grandes marques (Aixam, Babolat, Michelin, Rossignol, Salomon…). Leur alliance a donné naissance, en septembre dernier, à une usine spectaculaire perchée sur le plateau ardéchois, à Ardoix, une première en Europe : ASF 4.0 (Advanced Shoe Factory) fabriquera cette année 500.000 paires de chaussures de sport sous la marque Salomon, à un prix de production à peine 10 % plus élevé que des modèles similaires fabriqués en Chine !
Le rêve d’une nouvelle industrie textile
Cette collaboration se poursuit aujourd’hui avec le projet TexInn Lab… dont le nom dit presque tout. Le pari ? Qu’une nouvelle industrie textile rebatte les cartes de la mondialisation grâce à des innovations de rupture. Et c’est possible ! disaient en chœur Gilles Réguillon et Bertrand Barré, dirigeants respectifs de Chamatex et Zebra, venus présenter leur partenariat au siège de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, sous l’œil satisfait du président Laurent Wauquiez, partisan actif de la relocalisation industrielle. TexInn Lab veut « accompagner des porteurs de projets talentueux dans les différentes phases de développement de leur marque textile : concept, design, industrialisation, production et distribution ». Il s’agit d’un accélérateur privé, agile, s’appuyant sur une stratégie clairement affichée : production « Made in France » et en circuits courts, création d’emplois dans la galaxie Chamatex ; articles éco-conçus et durables.
Concrètement, TexInn Lab est porté par une société détenue à 50/50 et s’appuie sur les moyens intellectuels, créatifs et industriels de ses créateurs. Bien sûr, aucun partenariat financier futur n’est exclu, a précisé Gilles Réguillon, y compris pour les start-up soutenues. La formule se veut souple, indépendante, complémentaire au pôle de compétitivité Techtera qui soutient lui aussi, mais sur fonds publics, des projets innovants de la filière textile.
Changer de modèle
La première concrétisation de TexInnlab est d’ores et déjà annoncée. Il s’agit d’une nouvelle marque de sneakers dont Maria Lucia Martinez, après une carrière dans le design, le marketing et l’international, prendra la direction. Des chaussures haut de gamme et durables qui casseront les codes lors de leur sortie commerciale en 2023, mais dont Bertrand Barré s’interdit de dévoiler le concept : « La rupture ne dépend pas que du processus de fabrication. L’innovation concerne la marque, la façon de la commercialiser, son cycle de vie (…) Ce n’est pas une sneaker qu’on va lancer, c’est un principe qui, je l’espère, lui permettra d’être encore à la mode dans vingt ans. Car ce marché est un marché de mode, beaucoup trop cyclique. La fast fashion pollue la planète, avec des collections qui durent trois semaines. Nos armoires sont remplies de trucs qui ne servent plus à rien. Il y a urgence à penser les produits différemment, à trouver des alternatives à un monde qui part en quenouille. » Trois autres projets seraient dans les tuyaux de TexInn Lab et devraient se concrétiser dans les deux ans.
(1) Chamatex Group comprend Chamatex, TopTex Cube, Pierre Rocle et totalise 6 sites industriels ; 270 salariés ; 40 M€ de CA en 2021.
(2) Groupe Zébra : 40 salariés ; 6 M€ d’honoraires.
Cet article a été publié dans le numéro 2489 de Bref Eco.