Ludovic Vincent teste actuellement sa technique dans le Beaujolais.
Sélectionner des plantes et des micro-organismes pour piéger le cuivre présent dans les vignobles, tel est le projet de Biomede, entreprise en création.
Son diplôme d’ingénieur agronome d’AgroParisTech en poche, Ludovic Vincent travaille pour des centres de recherche. C’est à cette occasion qu’il rencontre des viticulteurs qui lui font part d’un problème de plus en plus récurrent : « Certains doivent abandonner des parcelles car elles étaient contaminées au cuivre, un oligo-élément utilisé contre les maladies. »
Des techniques actuelles trop coûteuses
En France, ce sont ainsi 750.000 hectares de vignes qui seraient contaminés par le cuivre. Les techniques actuelles de décontamination étant « très coûteuses », Ludovic Vincent, associé à deux autres docteurs, s’intéresse alors à la phytoremédiation par les plantes. Après des recherches en laboratoire au Genopole d’Evry, l’équipe de Biomede « a sélectionné des plantes et des micro-organismes qui ont la faculté de capter et de piéger les polluants afin de les utiliser pour traiter les sols », explique Ludovic Vincent. Une combinaison de plantes qui devrait être prochainement brevetée.
Ressemer pendant cinq ans pour dépolluer complètement le sol
Quatre hectares ont été semés au printemps 2017 chez un viticulteur du Beaujolais. « Nous pensons qu’il faudra ressemer pendant cinq ans pour dépolluer complètement le sol », explique Ludovic Vincent qui espère, grâce à la R & D, réduire ce délai à deux ou trois ans.
Par ailleurs, Biomede travaille sur un modèle d’économie circulaire qui permettrait de valoriser les plantes arrachées chaque année sous forme de macération. Biomede, qui sera officiellement créée en ce début d’année, espère réaliser une première levée de fonds de 500.000 euros qui lui permettra de recruter des commerciaux et d’aller très vite à l’international. « Nos principaux prescripteurs seront les chambres d’agricultures mais nous envisageons aussi de travailler en direct avec les grands domaines ». Biomede, qui est accompagnée par l’incubateur de l’Emlyon, a reçu le deuxième prix (7.000 euros) lors de la dernière édition de Lyon Startup.
Cet article a été publié dans le numéro 2316 de Bref Eco.