Adrien Mollard a repris les rênes de l’entreprise il y a dix ans.
Canson, Opinel, Paraboot, Obut ou Arpin… Autant de marques aurhalpines mythiques contre lesquelles les vents les plus violents de l’histoire économique ne semblent pas avoir de prise. Antésite fait partie de ce patrimoine régional. La société a 120 ans cette année. Installée dans son usine historique de Coublevie, à côté de Voiron, la vieille dame a entamé une diversification qui doit moderniser son image...
Comme tout grand nom, Antésite a sa légende. Ainsi, c’est pour trouver une boisson désaltérante qui pourrait se substituer à l’alcool, trop consommé par les cheminots de l’époque, que Noël Perrot-Berton, pharmacien et interne aux hôpitaux de Lyon, a conçu son concentré de réglisse en lui donnant le nom d’Antésite, « contre la soif » en latin. Depuis, la recette n’a pas bougé, même si elle a été agrémentée de parfums divers (anis, citron, orange, menthe…). Et des générations entières ont fait de cette boisson une madeleine de Proust leur rappelant les cantines d’écoles et de colonies de vacances.
Une première diversification au sein de la marque Noirot
Pour Adrien Mollard, qui arrive à la tête de l’entreprise à l’âge de 26 ans, suite au décès brutal de son père Denis Quattrocchi en 2008, le challenge n’est pas mince. Il lui faudra le temps de prendre ses marques, de rassurer les équipes, clients et fournisseurs, de s’installer dans la fonction. Il va d’abord s’appuyer sur l’autre marque maison, Noirot, en redessinant ses bouteilles et en élargissant sa gamme aux apéritifs sans alcool, aux vins aromatisés et boissons alcoolisées à la mode (mojito, spritz, rosé pamplemousse, blanc cassis, agrumes ou pêches, etc.).
Nous sommes extracteurs de plantes
Puis la réflexion se recentre sur Antésite. Car malgré toutes ses qualités (anti-inflammatoire, cicatrisant, digestive, économique), la réglisse est un produit clivant : « On aime ou on n’aime pas », reconnaît Adrien Mollard qui doit par ailleurs composer avec une boisson très estivale. Le jeune dirigeant va convaincre les banquiers de l’aider à engager 2,2 millions d’euros pour investir, d’une part dans l’outil de conditionnement de bouteilles, d’autre part dans un nouveau processus d’extraction destiné à d’autres plantes et fruits.
En 2015 ont ainsi lancées deux nouvelles marques : Thésite, un concentré de thé aux arômes naturels ; et Fruisite, un concentré de jus de fruits et d’arômes naturels. « Nous sommes extracteurs de plantes, là est notre expertise et notre valeur ajoutée », insiste Adrien Mollard. Reste à le faire savoir, notamment auprès d’une clientèle plus jeune.
Bientôt, une gamme bio
« Notre principal atout, ce sont nos valeurs fondatrices : des produits sains et naturels, sans sucre rajouté, sans édulcorant, pas chers » estime le dirigeant de l'entreprise qui a généré en 2016 un chiffre d'affaires de 5,1 millions d'euros (6,4 millions d'euros en 2015) avec 27 personnes.
Une marche supplémentaire sera bientôt franchie avec la sortie d’une gamme de produits bio. Des perspectives en ligne avec l’ambition affichée d’une démarche RSE intégrant le commerce équitable et le respect de l’environnement.
Cet article a été publié dans le numéro 2313 de Bref Eco.