L'atelier Fab'entech de Saint-Priest.
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Ce n’est pas un vaccin mais un médicament. Il ne s’adresse pas à des personnes saines pour les protéger d’une attaque virale mais à des personnes déjà atteintes et qu’il faut soigner au plus vite afin de leur éviter toute aggravation. Le traitement proposé par Fab’entech est une autre arme contre la Covid-19. Sa fabrication a démarré dans une unité de Saint-Priest.
Créée en 2009 par un chercheur de Sanofi à partir d’une licence exclusive cédée par le groupe pharmaceutique, la société Fab’entech n’est pas née de la dernière pluie. Elle avait déjà une douzaine d’années d’expérience dans la lutte contre les maladies infectieuses (Ebola, Sars H5N1, grippe aviaire…) quand l’épidémie de Covid-19 a commencé à déferler sur le monde. Elle venait alors, via une augmentation de capital de 8,5 millions d’euros, d’accueillir deux nouveaux actionnaires de renom : l’Institut Mérieux et Definvest, un fonds d’investissement public dédié aux entreprises stratégiques de la Défense.
Douze ans d'expérience... désormais tournées vers la covid-19
« Alain Mérieux nous a immédiatement poussés à concentrer nos recherches sur la Covid-19 », explique Sébastien Iva, président du directoire de Fab’entech. Un an plus tard, l’entreprise, qui a recruté quinze personnes sur les derniers mois, fabrique déjà son antidote spécifique à base d’anticorps polyclonaux, qu’elle va tester fin juin en phase clinique 2 auprès de quelques centaines de patients à comorbidité.
Contrairement à un vaccin qui pousse le patient à créer ses propres anticorps, les anticorps polyclonaux de Fab’entech sont injectés dans le corps du patient. Sous la forme d’un produit liquide, ils attaquent le virus, en bloquent immédiatement la prolifération, de façon extrêmement efficace sur tous les variants. Une fois accepté par les autorités sanitaires, le traitement éviterait ainsi les complications et les réanimations, tout en participant à désengorger les hôpitaux.
Autorisation à la fin de l'année ?
Très confiants quant à l’efficacité de leur produit, les dirigeants de la start-up lyonnaise espèrent une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) contre le Covid-19 d’ici la fin de l’année, avant la phase 3 en Europe et aux Etats-Unis. Il sera temps, alors, de monter en puissance : les capacités de production de Saint-Priest pourront alors monter à 50 000 doses par an puis à 100 000. Puis, probablement, d’associer de grands industriels pharmaceutiques pour une production élargie. Alors qu’actuellement, la société ne fabrique ses anticorps polyclonaux que pour l’Armée française, pour des quantités gardées secrètes, elle espère un objectif de 100 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici cinq ans !
Besoin de capitaux
Fab’entech entame aujourd’hui une nouvelle levée de fonds, l’argent étant aussi le nerf de cette guerre sanitaire. Lancée l’an dernier pour un investissement de 4 millions d’euros, son unité de production devra être agrandie pour répondre aux besoins engendrés par le Covid-19, cette fois pour près de 4,6 millions d’euros. Elle cherche aujourd’hui à lever onze millions d’euros. Le Plan de relance de l’Etat lui en a déjà apporté 1,8 million. Les actionnaires historiques sont sollicités, bien sûr. Mais l’appel est aussi lancé auprès du monde financier…
LA PRODUCTION DES ANTICORPS POLYCLONAUX : COMMENT ÇA MARCHE ?
Les anticorps polyclonaux sont fabriqués par des chevaux, en réaction à des antigènes qui leur sont administrés. Le plasma équin (et ses anticorps) est alors prélevé sur les animaux avant d’être purifié par les technologies Fab’entech. Les seuls anticorps sont ainsi mis en flacon pour injection dans le corps humain contre un virus comme la Covid-19.
Cet article a été publié dans Bref Eco n° 2450 du 31 mars 2021.