L’atelier de Vourles (Rhône) assemble les produits phares de Lagrange.
Aucune commune mesure entre le leader Seb et la PME familiale Lagrange, tous deux fabricants lyonnais de petits électroménagers. D’un côté, une multinationale de 35.000 collaborateurs présente sur les cinq continents ; de l’autre, un poids plume, entreprise d’une cinquantaine de salariés dont le développement régulier est teinté d’humilité et de prudence… mais qui n’en tient pas moins son rang et sa réputation.
A l’origine, en 1955, elle est une fonderie d’aluminium. Son fondateur René Lagrange invente alors le premier gaufrier à plaque interchangeable qui reste, soixante ans plus tard, l’un de ses produits phares. L’article a conservé ses qualités originelles de longévité et de réparabilité qui ont pu apparaître dépassées, à l’ère de la fin de vie programmée des produits… à moins que Lagrange ne soit désormais en avance, au gré d’un retournement du marché qui prône aujourd’hui l’économie circulaire. L’entreprise, qui a toujours conservé son service après-vente, lançait l’an dernier une boutique en ligne dédiée aux accessoires et pièces détachées. « Nous avons répondu à une demande de clients qui, conservant certains de nos produits plus de dix ans, avaient endommagé une plaque, griffé des poêlons de raclette, égaré un cordon d’alimentation ou un couvercle de pot de yaourt mais ne voulaient pas pour autant jeter leur appareil », explique Marie Fouquet, responsable marketing. Quelques mois plus tard, le nouveau service est plébiscité. Les vis pour plaques ou les joints de blender sont désormais disponibles en un clic.
Un site web pour les articles reconditionnés
Pas supplémentaire vers la recyclabilité : Lagrange propose depuis peu la vente en ligne d’articles reconditionnés. Ceux-ci sont généralement des produits neufs retournés (emballage détérioré, usage du délai de rétractation) ou du matériel d’exposition. Ils sont alors rigoureusement contrôlés, révisés et testés, leurs accessoires éventuellement complétés, avant d’être présentés sur le site Web de la société, à 10 % de moins que le prix catalogue. « Nous n’avons pas voulu casser les prix sur ces produits afin de ne pas gêner nos distributeurs habituels (Darty, Boulanger, Auchan, boutiques indépendantes…) », explique Marie Fouquet qui précise qu’aucun article neuf n’est vendu sur le site Web de la société.
Sur un marché très concurrentiel, Lagrange joue la carte de la qualité (garantie étendue à trois ans) et du made in France qui concerne 60 % de sa production, 30 % provenant d’Europe (Allemagne, Italie, Portugal) et 10 % d’Asie. Dans son atelier de Vourles, en région lyonnaise, sont assemblés les gaufriers, crêpières, yaourtières et autres planchas (la fonderie a été abandonnée il y a plus quinze ans). Du site qui emploie 50 personnes, les produits de la marque sont encore livrés en très grande partie dans l’Hexagone, même si les 5 % des ventes aujourd’hui réalisées à l’export sont appelées à croître. Certes, le rythme n’est pas celui d’une start-up. Mais les fondamentaux de l’entreprise familiale restent solides. Présidée par Philippe Lagrange, la société emploie aussi ses deux fils : Matthieu, responsable grands comptes et export, ainsi que Clément, responsable qualité. Lagrange a réalisé en 2018 un chiffre d'affaires de 13,4 millions d'euros (+2,3 % par rappor à 2017) avec un résultat net de 834.000 euros.
Cet article a été publié dans le numéro 2378 de Bref Eco.