Un site de méthanisation : le biogaz constitue aussi un revenu supplémentaire pour les agriculteurs.
DR
Face à l’augmentation sensible de la production décentralisée de biogaz, GRTGaz se prépare à investir dans son réseau. Face à une consommation française de gaz naturel appelée à baisser dans l’avenir, la production de biogaz monte en puissance. En attendant l’hydrogène.
En Auvergne Rhône-Alpes, la consommation de gaz s’est accrue l’an dernier de 4 % par rapport à 2018 (50 TWh). Cette progression est principalement due à la forte sollicitation de la production d’électricité à partir de gaz dans la Région (+ 66 %), à cause d’une moindre disponibilité du parc nucléaire et de la baisse de la production hydroélectrique (pluviométrie en baisse). Une fois de plus, les centrales électriques à gaz ont montré leur flexibilité et leur réactivité. Sans cette consommation gazière due à la production électrique, l’utilisation de gaz par l’industrie et les ménages est restée stable dans la région, situation observée depuis plusieurs années.
Dans la Région, GRTgaz exploite 3.924 km de canalisations qui débouchent sur une centaine de clients industriels (34 TWh consommés) et 420 points de livraison pour une distribution publique (16 TWh). En 2019, la société y emploie 384 collaborateurs (et 23 alternants) et y a investi 36 millions d’euros.
Montée en puissance du biogaz
En Auvergne Rhône-Alpes, 2019 est une année de forte accélération pour le biogaz, même s’il reste marginal dans la consommation. Six nouvelles unités de méthanisation ont été raccordées au réseau : on en compte aujourd’hui quatorze, correspondant à la consommation annuelle de 9.300 ménages ou de 750 bus au bioGNV. Et 104 projets sont déclarés (1.085 à l’échelle nationale), soit le double par rapport à 2018.
L’engouement est réel et accompagné par plusiuers acteurs de la filière à travers la charte Ambitions Biogaz 2023. Signé en mai 2019, ce document rappelle le gisement très important que constituent les déchets fermentescibles. Il souligne également la forte expertise des entreprises régionales dans une filière qui emploie 7.000 à 8.000 personnes et recrute.
Du côté de la mobilité au gaz, la situation évolue également, même si le mouvement est lent. Avec 25 stations d’avitaillement ouvertes au public (sur 162 en France) dont quatre ont été construites en 2019, Auvergne Rhône-Alpes est l’une des régions les plus dynamiques de France en ce qui concerne le gaz carburant (+ 28 % consommés).
Innovation
Selon Georges Seimandi, délégué territorial Rhône-Méditerranée GRTGaz, « les années 2020 seront consacrées à l’adaptation de notre réseau à l’accueil de quantités plus importantes de biogaz, de gaz de synthèse et d’hydrogène. Pour cela, il nous faudra investir près de dix millions d’euros d’ici 2025 ». L’avenir de la filière passera aussi par l’innovation : sur la Plaine de l’Ain, par exemple, un projet de démonstrateur (dénommé Plainénergie) est en cours. Cet équipement transformera des déchets industriels en gaz renouvelable. Un autre potentiel majeur issu de l’économie circulaire.
A l’échelle nationale
A l’échelle nationale, le gestionnaire de réseau GRTGaz n’a jamais transporté autant de gaz naturel dans son réseau qu’en 2019, grâce au rôle de hub européen que joue la France avec ses quatre terminaux méthaniers. En effet, à cause d’un prix très bas et d’une surcapacité mondiale, GRTGaz a dû gérer un afflux important de gaz pour le transporter en Espagne et en Suisse, deux pays qui ont beaucoup accru leurs importations.
Mais la consommation nationale diminue cependant d'1 % par an depuis une dizaine d’années pour le résidentiel, le commerce et les entreprises, grâce à une amélioration permanente de l’efficacité des chaudières et au réchauffement climatique. L’an dernier, de même qu’à l’échelle régionale, les quatorze centrales à gaz produisant de l’électricité dans l’Hexagone ont dû compenser des réacteurs nucléaires à l’arrêt (maintenance programmée) et une baisse de la production hydroélectrique (déficit de pluviométrie).