La mine de Tortkuduk est située entre steppe et désert.
Guillaume Mollaret
Au cœur de la steppe du Kazakhstan gît une ressource essentielle à la production d'électricité en France : l'uranium. Si le procédé industriel est achevé dans la Drôme où Areva investit en ce moment même plus de 500 millions d'euros, c'est notamment dans le sous-sol d'Asie centrale que notre courant électrique trouve sa matière première. Reportage.
Balayée par les vents tournants, la mine de Tortkuduk, au sud du pays, se trouve à mille lieues des clichés des mines souterraines ou à ciel ouvert. Ici, pas de ballet de camions, pas de mineur de fond… C'est une pompe qui fait le travail. Emprisonné dans les sables entre deux couches d'argiles imperméables, l'uranium de cette mine exploitée par Katco (une joint-venture d'Areva qui en détient 51 %, et de la compagnie d'Etat Kazatomprod) est extrait selon un principe de récupération in situ.
« Le principe est d'injecter dans le sol une solution d'acide sulfurique via un premier forage, avant de récupérer cette solution par le biais d'un second », explique Nicolas Dubecq, directeur des opérations pour Katco. Personne ne touche alors le produit du sol qui est acheminé par des tuyaux vers l'usine, où l'uranium est débarrassé de ses impuretés par plusieurs procédés chimiques, avant d'être séché puis calciné. Là, l'uranium est pesé et conditionné en fûts. Nettoyés et séchés, ces derniers sont ensuite mis dans des conteneurs où ils sont envoyés vers des usines de transformation. Cette filière avale se trouve exclusivement en Chine et en France.
Un périple de 4.000 km poru atteindre la France
Avant d'atteindre l'Hexagone, l'uranium effectue un périple de 4.000 km en train jusqu'à Saint-Pétersbourg, puis est chargé en bateau jusqu'au Havre (Seine-Maritime) et Sète (Hérault). De là, il est acheminé jusqu'à Narbonne (Aude) : dans l'usine Areva Malvési, deux atomes de fluor sont ajoutés à l'uranium avant qu'il ne rejoigne le site Tricastin pour un nouvel abondement en fluor précédant la phase d'enrichissement nécessaire à la fabrication de combustible. Enfin, à Romans-sur-Isère, dans une ultime étape de transformation, l'uranium est conditionné en pastilles de sorte qu'il est désormais utilisable en tant que « carburant » pour centrale nucléaire.
Le site minier de Tortkuduk produit quelque 4.000 tonnes d'uranium par an. Il est un des trois sites miniers d'Areva avec le Niger et le Canada. Areva ne possède plus de sites miniers en France depuis 2001.