Emmanuelle Perdrix : "Nos entreprises souffrent d’une image défavorable véhiculée par le matériau plastique".
Charlène Bergeat Photographe
La commission paritaire nationale emploi et formation professionnelle (CPNEFP) de la branche plasturgie et composites a lancé la campagne de communication « Entrez en matière » lors du salon Global Industrie, en mars. Ce plan de trois ans vise à sensibiliser le grand public aux atouts des métiers de la plasturgie. Rencontre avec Emmanuelle Perdrix, présidente du groupe Hyleance (Ceyzériat) et membre de la délégation patronale de la CPNEFP.
Bref Eco : Comment se porte l’emploi dans la filière plasturgie ?
Emmanuelle Perdrix : La filière compte plus de 3.300 entreprises, dont 900 établissements dans la région. Elle emploie 120.000 salariés, dont plus de 26.000 en Auvergne-Rhône-Alpes. Avec ses bassins historiques dans l’Ain, en Isère et sur le plateau de Sainte-Sigolène en Haute-Loire, les entreprises régionales de la branche plasturgie et composites accueillent quelque 600 jeunes en contrats d’alternance chaque année, soit 20 % de la plasturgie française.
Les centres de formation sont beaucoup trop vides
Quels sont les besoins de recrutement ?
E.P. : Pour les douze prochains mois, les entreprises affirment vouloir embaucher 20.000 personnes en France. La dynamique est aussi forte en Auvergne-Rhône-Alpes où l’estimation est à 3.000 créations d’emplois. Mais les difficultés de recrutement sont avérées. La pyramide des âges s’inverse. Les métiers techniques souffrent le plus. Nos entreprises manquent d’opérateurs, de conducteurs de ligne, de techniciens d’injection, de chefs d’équipe, d’employés de la maintenance et même de logisticiens. Les centres de formation sont beaucoup trop vides. Trop peu de jeunes connaissent nos métiers. Les métiers non techniques, sur les fonctions supports comme la finance, le marketing, le bureau d’études, sont davantage épargnés mais nous devons cependant travailler l’image de notre industrie.
Nos entreprises souffrent d’une image défavorable véhiculée par le matériau plastique.
Les clichés sur le matériau plastique nuisent-ils toujours à vos entreprises dans la course au recrutement ?
E.P. : Les jeunes sont de plus en plus sensibles aux enjeux environnementaux. Et, en effet, nos entreprises souffrent d’une image défavorable véhiculée par le matériau plastique. Or, ce matériau a radicalement changé le monde médical grâce aux équipements à usage unique, par exemple. Dans le secteur automobile, le plastique contribue à réduire le poids des voitures électriques. Nos process eux-mêmes ont grandement évolué avec l’automatisation de nombreuses tâches, un travail important sur l’écoconception et la mise en œuvre de matériaux biosourcés. L’innovation est très présente dans notre industrie. C’est pour passer ce message positif que nous avons décidé de lancer une campagne de communication.
Que souhaitez-vous dire avec « Entrez en matière » ?
E.P. : Le but est de valoriser nos entreprises, les possibilités offertes par le plastique et les composites ainsi que les métiers et carrières proposés dans notre filière. C’est à la fois une marque et une campagne de sensibilisation et de promotion portées par l’industrie de la plasturgie et des composites pour montrer les multiples facettes de la filière.
Comment les entreprises de votre secteur peuvent-elles s’emparer de cette opération de communication ?
E.P. : Cette campagne nationale est accessible à toutes les entreprises de notre branche par le biais d’un kit de communication qu’elles peuvent largement utiliser. Nous comptons beaucoup sur les entreprises pour qu’elles s’emparent de cette campagne et la relayent. Accompagnés par une agence de communication, nous déployons notre présence sur les réseaux sociaux pour toucher le plus grand nombre, jeunes et familles. Les entreprises ont pleinement leur rôle à jouer. Et c’est leur intérêt.
Bio Express
1970 : Naissance à Bourg-en-Bresse
1993 : Maîtrise de mathématiques appliquées aux sciences sociales et à l’économie à l’université Claude Bernard Lyon 1
1994 : DESS Management et gestion d’entreprises à l’ESCI de Bourg-en-Bresse
1994 : Contrôleur de gestion du Groupe Bernard
2006 : Dirigeante de Rovipharm
2019 : Présidente d’Alizé plasturgie
2021 : Présidente de Polyvia
Depuis 2003 : DG puis présidente de Rovip devenu le groupe Hyleance
Cet article a été publié dans le numéro 2579 de Bref Eco.